Portrait de Frédéric Chopin • Hadi Karimi, via Wikimedia Commons
Le nom de Frédéric Chopin occupe une place singulière dans l'univers de la « grande musique ». Il y résonne comme une douce mélodie, suave et envoûtante, tantôt mélancolique et tantôt fougueuse. Né en Pologne au début du XIXe siècle, Chopin est un compositeur de génie qui produisit une œuvre fascinante et intemporelle. Son style pianistique inimitable témoigne de sa maîtrise de l’harmonie classique et d’un goût prononcé pour le contrepoint. À la fois romantiques et brillantes, ses compositions sont enracinées dans la culture polonaise. Mélange exquis de virtuosité et de lyrisme, ses Polonaises, Nocturnes, Préludes, Mazurkas et autres Études pour le piano incarnent l'âme tumultueuse de son époque. L’œuvre de Chopin inspire depuis deux siècles les musiciens et mélomanes du monde entier.
Son père, Nicolas Chopin (1771-1844), naît à Marainville-sur-Madon dans une famille de paysans lorrains où il reçoit une éducation de bon niveau notamment prodiguée par la famille Weydlich, issue de la noblesse polonaise. Son propre père était proche du seigneur de Marainville, le comte polonais Michel Pac. Lorsque celui-ci décide en 1787 de vendre son domaine, les Weydlich qui en étaient intendants partent s'installer en Pologne et proposent au jeune Nicolas de les accompagner. Tout juste âgé de 16 ans, Nicolas découvre une nouvelle terre d’accueil qu’il ne quittera pas jusqu’à sa mort en 1844. Sa formation et sa culture françaises séduisent la comtesse Ludwika Skarbek qui l'emploie comme précepteur de ses enfants. Quelques années plus tard, il devient répétiteur puis professeur de français au lycée de Varsovie.
La mère de Chopin, Justyna Krzyzanowska (1782-1861), est originaire de la petite noblesse polonaise de Cujavie. Éduquée et instruite, elle étudie le piano, le chant lyrique et quelques éléments d’harmonie. À l'âge de 18 ans, elle devient intendante et dame de compagnie de la comtesse Skarbek chez laquelle elle rencontre Nicolas Chopin qu’elle épouse en juin 1806. De leur union naîtront trois filles et un garçon.
Frédéric voit le jour le 1er mars 1810 dans la petite ville de Żelazowa Wola située dans le duché de Varsovie, un territoire satélite de la France, constitué par Napoléon Bonaparte en 1807. Le jeune Chopin passe son enfance en Pologne en compagnie de ses trois sœurs, au cœur d’un cocon familial protecteur. Très proche de sa mère, il aime l’écouter jouer du piano et chanter de sa « douce voix de soprano ». Cette relation maternelle fusionnelle le marque durablement au point que George Sand, qui sera sa compagne entre 1838 et 1848, décrira Justyna comme « la seule passion de la vie de Frédéric ».
Le contexte politique qui règne en Pologne au début du XIXe siècle jouera un rôle déterminant dans le développement du caractère et de la personnalité du futur virtuose. L'oppression russe qui s’installe progressivement à Varsovie est perçue par la famille Chopin comme une terrible injustice. Ce sentiment d’infamie se traduira dans les compositions de Chopin par l’emprunt maintes fois répété de mélodies et de structures rythmiques issues de la tradition musicale et du folklore polonais, faisant dire à Franz Liszt que Chopin faisait partie des « premiers musiciens qui aient individualisé en eux le sens poétique d'une nation ».
Frédéric se passionne très tôt pour la musique, son extrême sensibilité le conduisant à éprouver jusqu’aux larmes la beauté des pièces jouées et chantées par sa mère. Cette dernière entreprend de lui enseigner le piano et son apprenti se montre particulièrement doué, maudissant la petitesse de ses mains d’enfant qui l’empêche de progresser aussi vite qu’il le voudrait. Il travaille avec acharnement et fait preuve d‘une dextérité remarquable, doublée d’une infaillible mémoire musicale. À 6 ans, ses parents décident de le confier à Wojciech Żywny, un professeur de piano et de violon qui pratique un enseignement ouvert, invitant ses élèves à développer leurs propres goûts musicaux. Żywny préfère la pratique du Clavier bien tempéré aux rébarbatifs exercices de gammes. Il transmet à son élève sa passion pour Bach et Mozart et cette formation structurante offre à Chopin une bonne connaissance de l’harmonie classique. À 7 ans, se sentant plus à son aise avec la musique qu’avec les mots, le jeune prodige compose ses deux premières Polonaises, en sol mineur et en si bémol majeur, des pièces surprenantes de maturité.
Le 24 février 1818, Chopin donne son premier concert au bénéfice des pauvres de Varsovie devant un public conquis. Ce succès lui permet dès lors de jouer pour les invités de marque de passage à Varsovie, mais jamais pour de l’argent. « La musique est mon jeu préféré, disait-il, elle n’a pas de prix. ». À 11 ans, il possède une technique pianistique aboutie, notamment à la main droite avec laquelle il réalise des articulations très difficiles. Lorsque Żywny n’a plus rien à lui apporter, la famille Chopin se met en quête d’un nouveau professeur et choisit le Tchèque Václav Würfel, compositeur et pianiste virtuose, adepte du style brillant – un style de composition fougueux et étincelant. Würtel rompt avec le classicisme de Żywny et offre à Chopin de nouvelles perspectives esthétiques.
Ses études au lycée de Varsovie ne le passionnent pas. Il place le piano et la composition au premier plan de ses préoccupations. Six heures par jour, il pratique son instrument avec méthode, peaufine des trilles et des ornements savants ou compose des Polonaises dans le style brillant. À l'automne 1826, à l’âge de 16 ans, il quitte le lycée pour la Haute École de Musique de Varsovie (actuelle université de musique Frédéric-Chopin). Il y acquiert une grande rigueur dans ses compositions.
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Depuis la retraite de Russie et jusqu’en 1825, la Pologne jouissait d’une relative autonomie, le tsar Alexandre Ier ayant offert au royaume une constitution plutôt libérale. Mais en décembre 1825, Alexandre meurt après avoir désigné son jeune frère Nicolas comme successeur au trône de Russie. Le nouveau tsar remet en cause la liberté de la presse et instaure la censure. Face à ce regain d’absolutisme, des manifestations se succèdent à Varsovie et sont considérées par la Russie comme d’inacceptables élans patriotiques. Déjà très affectée par ce climat politique délétère, la famille Chopin est frappée par une nouvelle tragédie lorsqu’Emilia, la sœur cadette de Frédéric, succombe de la tuberculose à l’âge de 14 ans. C’est sans doute à cette époque que le compositeur contracte lui-même la maladie.
En 1828, Chopin termine l’écriture de sa première sonate, en ut mineur, une œuvre savante qui témoigne de l’étendue des connaissances du jeune prodige mais manque de spontanéité. Chopin compose également deux polonaises, en ré mineur et en si bémol majeur, d’une étonnante maturité. D’autres œuvres de jeunesse illustrent le génie précoce du compositeur, comme les Variations en si bémol majeur sur le thème de Là ci darem la mano du Don Giovanni de Mozart ou le célèbre Nocturne no 20, en do dièse mineur, dédié à sa sœur aînée Ludwika Chopin et qui sera utilisé dans le film Le Pianiste de Roman Polanski, interprété pour l’occasion par le pianiste polonais Janusz Olejniczak.
Malgré son jeune âge, Chopin jouit d’une grande notoriété dans son pays. En mai 1829, tandis que le tsar est couronné roi de Pologne, Nicolas Chopin sollicite l’aide financière du gouvernement afin de permettre à son fils de promouvoir son génie en dehors du pays et de contribuer à la diffusion de la culture polonaise en Europe. Il essuie un refus des autorités et considère que cette décision constitue un témoignage flagrant de l’autoritarisme russe. Très déçu, Frédéric décide de partir pour Vienne. Au cours de ce bref voyage, il donne quelques concerts qui connaissent un franc succès et achèvent de le convaincre que le temps est venu de présenter sa musique au public du monde entier. En novembre 1830, la constitution polonaise est abrogée par le tsar. Chopin décide de retourner à Vienne où il envisage de s’établir. Cependant, le climat insurrectionnel qui règne en France et en Belgique a atteint la Pologne où les manifestations d’hostilité vis-à-vis de l’autoritarisme russe sont sévèrement réprimées. Plus que jamais, Chopin se sent exilé loin de sa terre natale. Éprouvé et las, il ne donne que quelques concerts et, si les critiques sont unanimes pour saluer son incroyable virtuosité, ses œuvres ne parviennent pas à séduire le public autrichien. Au cours de ce second voyage, il compose son premier cahier d’Études, opus 10, qui illustre à merveille la duplicité de son caractère, tantôt romantique et ivre de mélancolie, tantôt fougueux et fébrile.
Après quelques mois passés à Vienne, à court de ressources et sans perspectives d’en disposer, il quitte l'Autriche pour se rendre à Paris où il est pris en charge par une importante communauté de réfugiés polonais ayant fui le contexte insurrectionnel et répressif qui meurtrit la Pologne depuis plusieurs années. Il s’installe tout d’abord au 28 boulevard Poissonnière dans le 5e arrondissement de la capitale. On l’introduit rapidement auprès des artistes les plus en vogue et il développe une véritable fascination pour la vie parisienne, bouillonnante et festive. Il fréquente les salles de concerts et l’opéra-comique. Dans les salons parisiens et au cœur des salles de concert, il fait la connaissance de Franz Liszt, fréquente Friedrich Kalkbrenner et Felix Mendelssohn. Le 26 février 1832, c’est le grand jour : Chopin donne son premier concert parisien. Sur un instrument fourni par le compositeur et facteur de pianos Camille Pleyel, il joue son concerto pour piano en mi mineur créé un an plus tôt au théâtre national de Varsovie, peu avant son départ pour l’Autriche. Le concert est un triomphe ! Chopin écrit à son père pour le rassurer : son talent est désormais reconnu au cœur d’une capitale culturelle parmi les plus prestigieuses au monde. D’autres concerts ainsi que quelques leçons de piano données à l’aristocratie polonaise en exil à Paris lui procurent les revenus nécessaires pour faire face à ses dépenses. La vie parisienne et ses fastes grandiloquents, les gants blancs et un élégant cabriolet, représentent une lourde charge financière pour lui. Mais ces « frais de représentation » lui paraissent inévitables pour pouvoir fréquenter les salons du Tout-Paris.
Les artistes romantiques occupent alors le devant de la scène. Victor Hugo écrit Notre-Dame de Paris en 1831, Balzac connaît un immense succès, Eugène Delacroix est l’emblème du romantisme en peinture et Hector Berlioz domine le courant romantique en musique. Avec sa distinction naturelle, son apparence frêle et sa musique emprunte d’une délicieuse nostalgie slave, servie par son incroyable aptitude à émouvoir le public dans ses magistrales interprétations, Chopin s’élève rapidement au rang d’icône du romantisme. Mais cette vie salonarde et les sursauts de la maladie l’épuisent et le tourmentent. Toussant et crachant du sang, il est souvent contraint de garder le lit, un mouchoir pressé sur ses lèvres, le teint blafard et les poumons brûlants. Ces longues périodes de calme forcé sont peuplées de cauchemars et de mauvais pressentiments. La nostalgie s’empare du compositeur qui ressasse ses souvenirs d’enfance. En mars 1832, il s’intalle cité Bergère au cœur du 9e arrondissement, dans un endroit calme et reculé, idéalement adapté à l’exercice de ses activités favorites : la composition et les leçons de piano.
En août 1833, le compositeur italien Vincenzo Bellini fait une entrée triomphale à Paris et Chopin ne manque aucune représentation de ses opéras. Cette musique l’inspire et il compose sans relâche, rejetant toute proposition de concert. Depuis son arrivée à Paris, il est considéré par les autorités françaises comme un voyageur polonais. En septembre 1834, refusant de se rendre à l’ambassade de Russie pour s’y faire recenser et effectuer une demande officielle de passeport russe, il se ferme à jamais les portes de la Pologne. « Je ne serai jamais un loyal sujet du tsar Nicolas » déclare-t-il à ses amis. Par chance, les origines françaises de son père lui permettent de demander la nationalité française qu’il obtient le 1er août 1835. Il échappe ainsi au statut de réfugié politique même si cette décision l’éloigne définitivement de sa patrie. La même année, il apprend que ses parents sont en cure à Carlsbad en Bohème et décide de les rejoindre. La surprise est immense et la joie de ces retrouvailles est grande pour toute la famille Chopin. C’est d’ailleurs la dernière fois qu’elle sera réunie. Sur le chemin du retour, Frédéric séjourne à Dresde durant une semaine chez la famille Wodziński dont il avait fréquenté les fils dans son enfance. Il succombe aux charmes de la sœur cadette de ces derniers, la petite Marie, âgée de 16 ans seulement. De retour à Paris, il entretient avec elle une relation épistolaire soutenue, lui dédiant la valse de l'Adieu, en la bémol majeur, op. 69 no 1.
Fin juillet 1836, en voyage à Marienbad, il retrouve Marie et demande sa main. Si la jeune fille accepte, sa mère, sans toutefois s’y opposer ouvertement, désapprouve cette union. En mars 1837, lorsque que la famille Wodziński retourne vivre en Pologne, Marie et Frédéric sont contraints de rompre. Malgré cette déception sentimentale, Chopin est à cette époque un homme comblé. Sa santé connaît de longues périodes de rémission, sa célébrité ne cesse de grandir en Europe et sa situation financière est plutôt bonne. C’est un compositeur influent qui, en dépit de quelques critiques relatives au romantisme exacerbé de ses compositions, inspire bon nombre d’artistes : Debussy, Ravel, Fauré, Delacroix… En décembre 1836, il rencontre George Sand pour la seconde fois. Il n’avait pas du tout apprécié le style désinvolte de cette écrivaine mondaine fumant le cigare et exprimant ses opinions politiques dont il avait fait la connaissance quelques années plus tôt lors d’une réception donnée par Franz Liszt et Marie d'Agoult. Mais cette fois, le musicien est troublé par la prestance de la jeune femme.
Le 7 juillet 1837, il part pour Londres en compagnie de son ami Camille Pleyel. Mais la pollution qui règne au cœur de la capitale anglaise, associée à l’agitation de la ville, ravive ses douleurs pulmonaires et le fatigue terriblement. De retour à Paris, il retrouve George Sand et leurs rencontres se font plus fréquentes. Ils éprouvent l’un pour l’autre une admiration réciproque sincère. Âgée de 34 ans, mère de deux enfants, George est une femme forte et indépendante. Elle s’ouvre à Frédéric d’une peine de cœur provoquée par sa récente rupture avec l'avocat et politicien Michel de Bourges. La similitude de leurs déboires sentimentaux contribue à rapprocher les deux jeunes gens et, après avoir longuement hésité, Sand accepte de devenir la compagne du musicien. Leur importante différence d’âge pour l’époque et la santé fragile du compositeur amènent Sand à cumuler les rôles de compagne et de mère de substitution : elle prend soin de lui, le soigne, veille sur lui lorsqu’il est souffrant, le chérit et le réconforte. En novembre 1838, les amants, partageant le désir de s’éloigner du vacarme parisien, entreprennent un voyage à Majorque aux îles Baléares, en compagnie des enfants de George. Les premières semaines de cet exil espagnol sont agréables et le couple décide d’acheter la chartreuse de Valldemossa édifiée sur un site somptueux mais n’offrant aucun confort. Installé dans une cellule humide et poisseuse, Chopin contracte une bronchite au début de l’hiver.
S’éclairant à la lueur d'une bougie, il passe la plupart de son temps alité, tentant de se soigner à l’aide de cataplasmes. Dès qu’il le peut, il étudie le Clavier bien tempéré et poursuit la composition de ses Préludes sur un pianino en piteux état loué à un voisin. Les habitants de Majorque n'apprécient pas le style de vie de ce couple cocasse qui n’est pas marié et ne se rend jamais à l’église.
Fin janvier 1839, la maladie de Chopin ne montrant aucune perspective de guérison, la décision est prise de quitter l’île pour regagner la France. Le 13 février, les quatre voyageurs embarquent pour Barcelone à bord d’un navire transportant des cochons. Quelques semaines plus tard, ils arrivent à Nohant dans le département de l’Indre, au cœur d’une magnifique campagne où George possède une demeure. Ce cadre de vie bucolique et calme profite à Chopin dont la santé s’améliore rapidement. Il se promène, se repose et compose quelques œuvres remarquables tandis que Sand se consacre pleinement à sa passion pour l’écriture. Mais cette douce accalmie est de courte durée. Début 1842, Jan Matuszyński, un ami rencontré au lycée de Varsovie et auquel Chopin est très attaché, meurt de la tuberculose. Ce décès ravive les souvenirs d’enfance du compositeur et lui rappellent la disparition prématurée de sa sœur Emilia, le plongeant dans une profonde mélancolie. Au cours de l’été, Delacroix séjourne à Nohant, permettant au couple de retrouver un peu de sérénité. Mais dès l’hiver venu, la santé de Frédéric décline à nouveau. Le 25 mai 1844, le père de Chopin s’éteint en Pologne. Frédéric est abattu et George, épuisée, n’a plus la force de le consoler, la dépression lancinante qui meurtrit l’âme de Frédéric semblant ne jamais pouvoir s’estomper.
Les enfants de George manifestent une profonde lassitude à l’égard de cet homme sans cesse malade, triste et sombre. La séparation est inévitable et se produit le 28 juillet 1847. Totalement brisé, Chopin part pour l’Angleterre. Au cours de ce voyage d’une durée de sept mois, il donne plusieurs représentations, notamment devant la reine Victoria et le prince Albert. La pollution au charbon qui sature l’atmosphère à Londres contribue à aggraver les symptômes de la tuberculose qui le cloue au lit à plusieurs reprises. Épuisé, il rentre en France pour se reposer. Pour s’acquitter du coût des soins qu’on lui prodigue, il reprend les leçons de piano et reçoit ses élèves sans quitter le lit. Il meurt le 17 octobre 1849 à l’âge de 39 ans. Une messe funèbre est célébrée à l’église de la Madeleine et on y joue le Requiem de Mozart. Puis le corps de Chopin est enterré au cimetière du Père-Lachaise après que son cœur a été prélevé, conformément à ses dernières volontés. Sa sœur Ludwika ramène ce cœur en Pologne dans une urne en cristal. Il se trouve aujourd’hui encastré dans un pilier de l'église Sainte-Croix à Varsovie.
La Berceuse, opus 57, fut publiée par Chopin en 1844 sous le nom de Variantes en ré bémol majeur. Elle est dédiée à son élève Élise Gavard.
De nombreux artistes, français et étrangers, ont intégré dans leurs compositions des éléments inspirés ou directement issus des œuvres de Chopin. Ces ajouts sont tantôt des emprunts majeurs, tantôt de discrets hommages. Ils ont donné naissance à des chansons et des musiques célèbres, aux accents de romantisme et de mélancolie. En voici un florilège.
Prélude en ut mineur (Opus 28, No. 20)
• Alain Chamfort : Le temps qui court
Étude n°3 (opus 10)
• Serge Gainsbourg : Lemon incest
• Michel Sardou : La maladie d’amour
Étude en fa mineur (opus 10, n°9)
• Jane Birkin : Dépression au-dessus du jardin
Prélude en mi mineur (opus 28, n°4)
• Procol Harum : A Whiter Shade of Pale. Ce groupe de rock progressif propose un morceau très inspiré de la musique de Chopin.
Par son écriture et sa virtuosité, Chopin compose une musique pour le piano qui repousse les limites des instruments disponibles au début du XIXe siècle. Elle en explore toutes les capacités d’expression. Elle est à la fois éloquente et intime et son interprétation exige une exceptionnelle maîtrise pianistique. Les mélodies de Chopin sont empruntes de mélancolie, de passion, de nostalgie, de rêverie ou de fougue. Ses Nocturnes invitent à la méditation et au calme. Ses Mazurkas et ses Polonaises reflètent son attachement à sa patrie natale et constitue des célébrations vibrantes de son identité culturelle. Si sa musique n’a rien de folklorique, elle est inspirée de ce que Chopin désignait lui-même comme « l’esprit des campagnes, des fêtes, des musiques et des danses polonaises ». Mais le virtuose sublime ce patrimoine culturel pour lui offrir une universalité musicale. Les innovations apportées par Chopin dans le domaine de l'écriture pour le piano ont influencé de nombreux compositeurs, à l'instar de Franz Liszt, de Johannes Brahms et de Claude Debussy.