Jules Verne

Jules Verne : écrivain visionnaire, inventeur de génie

Hommage à Jules Verne - Nikni Novgorod, Russie - Photo 143587246 / Jules Verne © Yuliya Baturina | Dreamstime.com

Sommaire de cette édition

Malakoff Humanis et vous

Jules Verne : écrivain visionnaire, inventeur de génie

Jules Gabriel Verne naît à Nantes le 8 février 1828, au sein d’une famille bourgeoise installée sur les bords de la Loire. Son père, Pierre Verne, exerce la profession d’avoué et sa mère, Sophie Allote de la Fuÿe, est issue d'une famille de navigateurs et d'armateurs d’origine écossaise. Jules est l'aîné d'une fratrie de cinq enfants comprenant trois filles - Anne, Mathilde et Marie - et deux garçons. Paul, son cadet d’une année, sera marin et écrivain. En ce début de 19e siècle, Nantes est une ville de commerce maritime prospère. Des navires de toute taille sillonnent les eaux tumultueuses de la Loire, charriant leurs équipages de marins au long cours. Le défilement des bateaux et l’activité maritime bouillonnante qui se déroulent sous ses yeux vont développer chez Jules un goût immodéré pour la mer, tout en nourrissant ses rêves de voyages.

Durant son enfance, Jules passe souvent ses vacances chez son oncle Prudent qui vit à la campagne, au sud-ouest de Nantes. Son frère et lui ne se lassent pas d’écouter les histoires de voyages dont l'oncle, célibataire endurci et anticonformiste, par ailleurs ancien armateur, n'est pas avare. La ferveur de ces récits nourrit la passion naissante du jeune homme pour les grands espaces et les explorateurs. Dans ses lectures, Jules opte pour les romans d’aventures, dévorant les livres de Fenimore Cooper, Walter Scott, Victor Hugo, Alexander Dumas ou encore, un peu plus tard, E.T.A Hoffmann et Edgar Allan Poe. Il y découvre le vocabulaire marin dont l’ésotérisme cultive son attirance pour la mer. Il affectionne particulièrement les histoires de Robinson, notamment le Robinson suisse de l’écrivain américain Johann David Wyss. Cette culture livresque précocement acquise exercera une grande influence sur les thèmes de ses futurs écrits.

Jules fréquente avec son frère le collège Saint-Stanislas de Nantes qui dispense un enseignement religieux strict, compatible avec les exigences de son père, lui-même fervent catholique. Élève brillant, il décroche régulièrement des prix en latin, grec, géographie et musique vocale. Il s’essaye à l’écriture de petites histoires mettant en scène de brillants explorateurs. Ces premiers écrits contribueront à développer son imagination autant que son style narratif, à la fois méthodique et précis. Dans ses Souvenirs d’enfance et de jeunesse, Verne raconte une anecdote survenue durant son enfance à Nantes, après le naufrage de sa yole – embarcation légère et allongée qui se propulse à l’aviron – sur laquelle il naviguait en solitaire, à quelques encâblures de la maison familiale. Il se retrouva coincé plusieurs heures durant sur un îlot, au milieu de la Loire. Nourri des aventures de naufragés téméraires, se prenant pour Robinson, il envisagea de construire une cabane et de se nourrir de pêche ou de chasse. Il attendit finalement le retour de la marée basse, le ventre creux, pour pouvoir regagner la rive et rentrer dîner chez lui, à pied.

Les Machines de l'île à Nantes, hommage au génie de Verne - Photo 164039111 / Jules Verne © Dhvstockphoto | Dreamstime.com

En 1840, Pierre Verne emmène ses deux garçons à bord d’un pyroscaphe pour descendre la Loire en direction de Saint-Nazaire. Le premier contact physique de Jules avec l’Océan sera pour lui une révélation et cette rencontre quasiment initiatique et tant espérée avec la mer sera célébrée dans nombre de ses écrits.

L’époque des premières déceptions sentimentales

Adolescent, Jules s’éprend de sa cousine, Caroline Tronson. Il a tout juste dix-neuf ans quand il apprend que cette dernière est promise à Emile Dezaunay, un quadragénaire originaire de Besançon. Son père décide de l’envoyer étudier le droit à Paris, espérant que l’éloignement parviendra à gommer sa peine. Mais cette déconvenue amoureuse marquera durablement le jeune homme et, six ans plus tard, lorsque sa mère lui demandera d’accuellir Caroline et son époux à Paris, Jules répondra avec amertume :

« Je serai aussi aimable que le permettra mon caractère biscornu avec les nommés Dezaunay (...) enfin sa femme va entrevoir Paris ; il paraît qu'elle est un peu moins enceinte que d'habitude puisqu'elle se permet cette excursion antigestative ».

Après sa première année d’études de droit à Paris, Jules revient à Nantes où il tombe éperdument amoureux d’Hermine Arnault de la Grossière. Mais les parents de cette dernière, jaugeant la situation financière du jeune prétendant, et la trouvant trop précaire, n’approuvent pas cette idylle. Une nouvelle fois, on décide d’éloigner Jules de l’objet de sa convoitise. Profondément marqué par ce nouvel échec, il aura recours à plusieurs reprises dans ses romans, au personnage d'une jeune femme mariée contre son gré. Cette désillusion sentimentale le conduit à éprouver une véritable rancœur envers la bonne société de sa ville natale. Il quitte définitivement Nantes en 1848 et poursuit ses études tout en s’essayant à l’écriture. Il vit chichement, une vie de bohème, fréquentant chaque fois que possible les théâtres parisiens où l’on joue les pièces de Victor Hugo, d’Alfred de Musset ou d’Alexandre Dumas. Le reste du temps, il se consacre à l’étude des œuvres de Shakespeare, Walter Scott ou Lord Byron. En 1851, son oncle Châteaubourg l’introduit dans les salons littéraires de la capitale. Cette fréquentation de la meilleure société parisienne le conforte dans sa décision de tout mettre en œuvre pour se faire remarquer et vivre de sa plume.

Statue de Jules Verne à Vigo, en Espagne - Photo 246300273 © Dinogeromella | Dreamstime.com

Jules et la vie parisienne

Dans les salons littéraires, Jules fait la connaissance d’Alexandre Dumas fils avec lequel il se lie d’amitié. Sa proximité avec la famille Dumas lui offre l’opportunité de produire sa première comédie en un acte intitulée Les Pailles rompues au Théâtre Historique dont la famille Dumas est propriétaire depuis 1847. La pièce rencontre un succès d'estime.

Jules rencontre aussi le rédacteur en chef de la revue Musée des familles – l’un des premiers périodiques illustrés à bas prix, paraissant depuis 1833 - Pierre-Michel-François Chevalier, qui publie plusieurs de ses nouvelles. En 1851, il fait la connaissance de Jacques Arago, écrivain, dessinateur et grand explorateur. Les récits des périples de cet aventurier aveugle depuis 1837 et qui poursuit malgré sa cécité ses voyages autour du globe, vont encourager Jules dans sa quête des grands espaces. Ses échanges avec Arago vont en outre le conduire à s’intéresser de plus près aux sciences appliquées et aux technologies émergentes, la transmission des savoirs jouant selon lui un rôle clé dans la lutte contre les préjugés. L’influence d’Arago sur Verne est telle qu’on retrouvera l’explorateur sous les traits de plusieurs personnages.

Portrait de Jules Verne, exécuté d’après une photographie de Nadar

En 1852, Jules annonce à son père qu’il renonce définitivement à reprendre la charge d’avoué de ce dernier et qu’il s’oriente vers une carrière d’auteur. En 1853, Jules se fait engager comme secrétaire du Théâtre-Lyrique - anciennement Théâtre Historique –, échangeant son salaire contre le droit d’y monter ses pièces. À la même époque, il fréquente un autre exilé nantais, Aristide Hignard, un compositeur sans renom dont il devient l’ami. À ses côtés, Verne s’essaye à l’opéra-comique. Ensemble, ils créent ainsi plusieurs pièces et opérettes dont Le colin-maillard qui sera représenté 53 fois au Théâtre Lyrique. Il rencontre également Laurence Janmar dont il s’éprend mais, à l’instar de ses précédentes romances, l’histoire tourne court lorsque la belle décide d’en épouser un autre, plus riche que lui.

Témoin de mariage de son ami Auguste Lelarge, Jules se rend à Amiens en 1856 où il est séduit par la future belle-famille du marié. Il se lie rapidement d’amitié avec Ferdinand, le frère de la promise, qui le convainc de devenir agent de change afin de s’assurer une situation. En janvier de l’année suivante, il épouse la sœur de Ferdinand, Honorine de Viane, dont il n’est pas particulièrement épris, ce mariage de raison contribuant à lui procurer la stabilité que la littérature ne peut encore lui offrir.

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L’héritage immense d’un homme boudé par ses pairs

L’écriture de Verne est foisonnante, comptant pièces de théâtre, opérettes, nouvelles, essais, poèmes, études scientifiques et chansons. Mais c’est pour ses romans d’aventures que l’auteur de Vingt Mille Lieues sous les mers est passé à la postérité. Si cet homme éclairé, à l’imagination trépidante, qui choisit de délaisser l’éclat des salons parisiens pour s’installer en province afin de s’atteler à son œuvre littéraire, est l’un des auteurs les plus lus, il ne fut ni académicien ni vraiment reconnu par ses pairs. Mais Verne put bien rire de ses détracteurs et boudeurs tant le succès que lui offrirent ses lecteurs fut important. S’adressant à un public jeune, il parvint à séduire tous les âges. Ses œuvres abolirent les frontières, de l’Angleterre au Japon.

Ne se réclamant d’aucun courant, Verne demeura discret à propos de lui-même tout au long de sa vie. Si la mort d’un auteur contribue en général à la promotion de l’homme plus qu’à celle de son œuvre, les ventes des romans de cet ancien secrétaire de théâtre n’ont jamais tari, tandis que l’auteur lui-même reste presque un illustre inconnu. Son héritage est colossal ! Un grand nombre de rues et d’établissements scolaires portent son nom. Deux musées éponymes lui sont consacrés, à Nantes et Amiens. On ne compte plus le nombre de bateaux et de navires qui portent son patronyme. Des événements lui rendent hommage, parmi lesquels le trophée Jules Verne, une compétition dans laquelle un équipage doit réaliser à la voile, sans escale et sans assistance, le tour du monde en moins de 80 jours. En 2005, une exposition intitulée Jules Verne, le roman de la mer lui est consacrée au musée national de la Marine à Paris. En 2012, la Monnaie de Paris édite une pièce de dix euros en argent avec l'avers à son effigie, pour la collection Euros des Régions où Verne représente la Picardie. Très influencé par ses propres lectures d’enfance, Verne inspira à son tour quelques grands noms de la littérature et de la poésie. Dans le poème Le bateau ivre, Arthur Rimbaud s’inspire du Nautilus, le vaisseau sous-marin du capitaine Nemo de Vingt mille lieues sous les mers. Blaise Cendrars rend ouvertement hommage à l’écrivain dans César Cascabel. Jean Cocteau, inspiré par le roman Le tour du monde en quatre-vingts jours se lança ce défi qu’il releva avec succès du 29 mars au 17 juin 1936. Les adaptations cinématographiques et télévisuelles des romans de Verne sont légion : on n’en compte pas moins de 300, record absolu ! Elles débutèrent dès l’apparition du cinéma muet lorsque, en 1901, Ferdinand Zecca réalise Les enfants du capitaine Grant tandis que Georges Méliès réalise l’année suivante Le voyage dans la Lune.

Célèbre couverture des Aventures de Tintin - Objectif Lune

Les œuvres de Verne offrent au cinéma parlant une source intarissable d’inspiration. Le réalisateur américain Richard Fleischer adapte Vingt mille lieues sous les mers en 1954, pour les Studio Disney, mettant en scène Kirk Douglas dans le rôle de Ned Land. Le dessinateur tchèque Karel Zeman réalise entre 1955 et 1970 plusieurs longs métrages d’animation inspirés des Voyages extraordinaires et des illustrations de Pierre-Jules Hetzel : Voyage dans la préhistoire (1955), Le dirigeable volé (1968) ou encore L’arche de monsieur Servadac (1970). Les Studios Disney produisent une version du roman Les enfants du capitaine Grant en 1962, réalisée par Robert Stevenson avec Maurice Chevalier dans le rôle de Jacques Paganel. Les adaptations en bande dessinée et mangas ne sont pas en reste avec d’innombrables ouvrages publiés à travers le monde dès la fin du 19e siècle. Dans ce florilège, mentionnons Le journal de Mickey en France, qui produit quelques adaptions des œuvres de Verne dans les années 50, ou encore Hachette qui publie un intermédiaire entre images d’Épinal et bande dessinée autour de Vingt mille lieues sous les mers. Hergé s’inspire des héros de Jules Verne dans plusieurs de ses Aventures de Tintin : les Dupond-T ont ainsi les traits des détectives Craig et Fry des Tribulations d’un chinois en Chine, le professeur Tournesol ceux de Palmyrin Rosette d’Hector Servadac. Dans d’autres opus, la trame du récit reprend des éléments des romans de Verne, notamment Le secret de la Licorne, Le trésor de Rackham le rouge et, bien évidemment, Objectif Lune. En 1979, les éditions Vaillant publient un hors-série de Pif Parade intitulé Jules Verne en bandes dessinées, dont la couverture parodie les cartonnages d’Hetzel.

Une œuvre immense et fascinante

L’agitation qui régnait sur les bords de la Loire à Nantes fascina Jules Verne dès sa plus tendre enfance. Le défilement incessant des bateaux, la plainte des cornes de brume, les chargements et déchargements des marchandises et le tumulte des manutentionnaires s’agitant sur les quais firent naître en lui le goût pour l’aventure et l’appel du grand large. Il ne se lassait pas d’écouter les récits des voyages autour du monde entrepris par son oncle Ferdinand quand celui-ci était armateur. Son goût pour les romans d’aventures doublé d’une fascination pour les œuvres des plus grands écrivains - Victor Hugo, Walter Scott et Edgar Allan Poe en particulier -, contribua à alimenter sa fascination pour le voyage. Dès qu’il en eut l’occasion, il s’initia à l’aventure et aux excursions hors de France, notamment en compagnie de son ami Aristide Hignard. Sa rencontre avec l’explorateur Jacques Arago sera déterminante, le marquant durablement et le réconfortant dans ses ambitions naissantes. Plus tard, ses interminables discussions techniques avec le photographe Félix Tournachon (dit Nadar) à propos des progrès de l’aéronautique contribuèrent à lui donner le goût de la précision dans ses écrits.

Passionné par la mer, les voyages et la géographie, particulièrement attiré par l’Amérique du Nord, Jules puisa aussi son inspiration dans l’actualité de son époque qu’il suivit de près, s’intéressant aux exploits de ses contemporains dans leur conquête de territoires encore méconnus. Dès ses premiers écrits, il développa un haut niveau d’exigences quant à la véracité de ses propos et la crédibilité de ses thèses, n'hésitant pas à rencontrer des savants et effectuant un travail de recherche titanesque notamment à propos du vocabulaire employé. Ses ouvrages sont à la fois des fictions ludiques et des recueils techniques ou scientifiques d’une saisissante valeur pédagogique. Féru de progrès technologique, Jules aima mettre en lumière des inventions, théories scientifiques innovantes et prototypes de machines mécaniques plus ou moins complexes. Ainsi, lorsque l'éditeur Pierre-Jules Hetzel l'encouragea à écrire des romans scientifiques d’aventures, un genre nouveau pour l’époque, Jules se prêta volontiers au jeu et débuta une carrière d’une incroyable richesse.

Florilège des romans de Jules Verne

Cinq semaines en ballon

Lorsqu’il fait la connaissance de l’éditeur Pierre-Jules Hetzel en 1862, Jules Verne vient tout juste de terminer l’écriture de son premier roman, Le voyage en l’air – dont le titre deviendra Cinq semaines en ballon lorsque le roman sera publié en 1863. Il s’agit du récit d’un voyage en ballon dirigeable entrepris au-dessus de l’Afrique par trois personnages, dont le docteur Fergusson, inspiré de l’explorateur Jacques Arago. L’ouvrage se démarque des romans d’aventures publiés à l’époque par la valeur et la précision de ses descriptions scientifiques en botanique, géologie et géographie.

Les aventures du capitaine Hatteras

Ce roman d’aventures est publié en feuilleton dès le premier numéro du périodique créé en 1864 par l’éditeur Pierre-Jules Hetzel, le Magasin d’éducation et de récréation. Abondamment illustré par l’artiste Edouard Riou, le texte relate l’odyssée vers le pôle Nord d’un marin chevronné, le capitaine Hatteras. Bien qu’à cette époque les connaissances relatives aux pôles étaient encore modestes, Verne fournit un remarquable travail de documentation afin d’offrir à ses lecteurs des descriptions des paysages arctiques ainsi que des conditions de vie dans un milieu aussi hostile d’un réalisme incroyable. Au milieu du 19e siècle, le passage du Nord-Ouest et la cartographie des régions polaires mobilisent bon nombre d’expéditions. Verne, suivant de près le déroulement de ces périples, s’inspira fortement de l’expédition malheureuse conduite par le capitaine britannique sir John Franklin, qui disparut en tentant de franchir le passage tant convoité, reliant l’océan Atlantique à l’océan Pacifique.

Voyage au centre de la Terre

L’aventure débute à Hambourg lorsqu’un savant allemand découvre un manuscrit ancien qui évoque l’existence secrète d’un passage permettant d’atteindre le centre de la Terre. Le professeur Lidenbrock, accompagné de son neveu et d’un guide, prennent la direction du Sneffels, un volcan situé en Islande, qui constitue le point de départ d’une fascinante expédition sous la surface du globe jusqu'au centre de la Terre. Une fois encore, Verne s’est considérablement documenté pour proposer un récit foisonnant d’informations à caractère scientifique, notamment en géologie et en paléontologie, deux sciences en plein essor au milieu du 19e siècle.

De la Terre à la Lune

Passionné par l’Amérique du Nord, Jules Verne situe l’action de ce roman aux États-Unis, à la fin de la guerre de Sécession. Utilisant leurs connaissances en balistique, acquises dans le contexte de ce conflit intérieur, un groupe d’américains composé d’artilleurs et de savants, envisage d’envoyer un obus habité par trois humains en direction de la Lune. Mettant en scène un aventurier français, dénommé Michel Ardan et inspiré de Nadar, photographe ami de Jules Verne dont il porte le nom en anagramme –, le récit témoigne de l’engouement de l’auteur pour les exploits sportifs et les aventures humaines hors du commun, tout en manifestant son inquiétude à propos des dérives possibles de la science lorsqu’elle est exploitée par des complexes militaro-industriels. Quatre ans après sa parution, ce roman emblématique des œuvres de science-fiction, sera suivi du roman intitulé Autour de la lune.

Reproduction du Nautilus au musée Jules Verne à Nantes - Photo 135325632 © Kateryna Levchenko | Dreamstime.com

Vingt mille lieues sous les mers

Georges Sand serait à l’origine de l’idée de ce roman. Amie d’Hetzel, Sand recevait régulièrement les romans de Jules Verne qu’elle affirmait dévorer d’une traite. Elle se permit d’écrire à Verne pour lui suggérer de « … conduire ses personnages dans les profondeurs de la mer (…) à bord d’appareils de plongeurs que la science et l’imagination de l’auteur peuvent se permettre de perfectionner ». Séduit par l’idée, Verne s’attela à la tâche avec ardeur, des points de vue différents l’opposant à son éditeur, notamment au sujet du personnage principal, le capitaine Nemo, que Verne voulait polonais tandis qu’Hetzel imaginait un héros américain, opposé à l’esclavage. Le livre relate le périple de trois naufragés capturés par le capitaine Nemo et installés à bord du Nautilus, un navire mystérieux capable de parcourir les fonds marins. Une fois de plus, l’imagination débordante de Verne, associée à ses solides connaissances scientifiques, aboutirent à un texte crédible, lumineux et visionnaire dans une œuvre d’anticipation remarquable, tant les profondeurs des océans sont encore inexplorées à l’époque. Verne exprime également à travers plusieurs personnages sa réprobation de la chasse et de la pêche lorsqu’elles menacent l’équilibre des espèces. Le roman paraît initialement sous forme d’un feuilleton à épisodes dans le Magasin d’éducation et de récréation avant d’être édité en deux volumes en 1869 et 1870. Le succès sera retentissant autant que durable. Ce roman appartient au cercle très prisé des dix livres les plus traduits au monde, avec pas moins de 174 versions.

Le tour du monde en quatre-vingts jours

Dans ce roman poignant, le lecteur suit les aventures de Phileas Fogg, un gentleman anglais qui fit le pari insensé de faire le tour du monde en moins de 80 jours, grâce aux moyens de locomotion les plus modernes au milieu du 19e siècle. Le roman offre à Verne l’opportunité de décrire des territoires lointains, de présenter des innovations techniques et de dénoncer les risques qu’il perçoit avec une étonnante clairvoyance liée à l’utilisation débridée des technologies à des fins commerciales ou militaires. Certains thèmes chers à l’auteur revêtent ici une importance toute particulière dans la narration, à l’instar de la fidélité, de l’honneur et de la richesse qui résulte du croisement des cultures. Le récit inspira Nelly Bly, jeune journaliste américaine, qui décida de relever le défi. Elle mit seulement 72 jours, 6 heures et 10 minutes pour boucler son tour du monde et obtenir l’admiration de Verne.

Pierre-Jules Hetzel, le "bon génie des livres", éditeur et ami de Jules Verne

Pierre-Jules Hetzel (1814-1886) est indissociable de l’œuvre de Jules Vernes. Il fut tour à tour son éditeur, son mentor, son conseiller et son ami. Hetzel fit la connaissance de Verne à l’automne de 1862, tandis qu’il publiait déjà les plus grands auteurs : Victor Hugo, Georges Sand, Balzac, Alexandre Dumas, Proudhon, Emile Zola, Stendhal et même Edgar Poe.

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Hetzel est passionné de littérature, de science et de pédagogie. Il est notamment à l’origine de plusieurs magazines littéraires à destination de la jeunesse, notamment le Nouveau magasin des enfants qu’il crée en 1843 et qui réunit au fil des numéros les plumes de George Sand, Charles Nodier ou encore Alfred de Musset. Convaincu de l’intérêt de promouvoir un magazine à la fois sérieux et ludique, il conçoit et réalise un bimensuel capable de plaire aux grands comme aux petits. Né en 1864, le Magasin d’éducation et de récréation réunit des articles de vulgarisation scientifique, des illustrations inédites, des romans-feuilletons….

Hetzel croit aux vertus de la lecture pour la diffusion et le partage des savoirs. Convaincu de l’importance de l’instruction des enfants pour faire d'eux des citoyens éclairés tout en luttant contre l'injustice sociale, il s’entoure d’écrivains, d’illustrateurs et de savants de renom afin de réconcilier science et fiction dans un but pédagogique. Cette passion pour la fiction emprunte de science, à la fois œuvre culturelle et outil d'instruction, sera à l’origine de la relation professionnelle et amicale qui unira durablement les deux hommes.

Hetzel ambitionne en effet de créer un magazine de jeunesse destiné à nourrir l’imaginaire des jeunes lecteurs tout en leur offrant un outil instructif. Lorsqu'il rencontre l'éditeur, Verne vient tout juste d’achever l’écriture de son premier roman, Le voyage en l’air, qui deviendra par la suite Cinq semaines en ballon. Tous les éléments emblématiques de l'œuvre de Verne sont déjà présents dans cette œuvre de jeunesse : des aventures pleines de rebondissements, des outillages techniques plus ou moins savants, des références historiques précises, des lieux insolites ou reculés...  Immédiatement séduit par le manuscrit, Hetzel propose à Verne de signer un contrat d’édition. L’ouvrage est publié en 1863 et rencontre un franc succès dès sa parution.

Les éditions illustrées des principales œuvres de Jules Verne - Photo 234249279 / Jules Verne © Mikhail Dmitriev | Dreamstime.com

Hetzel voit en Verne un auteur idéal pour lancer son projet de nouveau magazine. Et lorsque Verne exprime le désir d’élargir son style littéraire, Hetzel le convainc de poursuivre l’écriture de romans d’aventures, fondés sur de solides bases scientifiques. Les deux hommes mènent alors une collaboration fructueuse, autour d'une quête permanente de justesse scientifique combinée à un méticuleux travail de documentation. Le talent de Verne et la méthode de l’éditeur deviennent les ingrédients d’une recette à succès, l’entente cordiale entre les deux contributeurs prenant progressivement des airs d’amitié. Hetzel n’hésite pas à canaliser l’imagination débordante de son poulain, allant jusqu’à retoucher ses textes et contribuant à ciseler la personnalité de ses héros. Éditeur talentueux et commercial aguerri, il gère avec soin les parutions de son auteur favori.

Rassuré par le succès de son premier roman, Verne rédige Voyages et aventures du capitaine Hatteras qui paraît sous la forme d'un feuilleton dès le premier numéro du Magasin d’éducation et de récréation. Une fois le feuilleton terminé, Hetzel édite le texte intégral à peine remanié en grand format illustré ainsi que dans une luxueuse version reliée. Il crée ainsi la collection baptisée Les voyages extraordinaires dont le premier tome, consacré aux aventures du Capitaine Hatteras, sort en librairie en 1866 et rencontre un franc succès. S’ensuivront d’autres publications, tout aussi prospères, parmi lesquelles le célèbre Vingt mille lieues sous les mers, à partir de 1869. Hetzel propose alors à Verne un nouveau contrat, avec un engageant sur 10 ans, à raison de 3 volumes par an.

62 romans et 18 nouvelles signés Verne seront ainsi publiés dans la collection intitulée Voyages extraordinaires. Cette œuvre gigantesque apportera à Jules Verne une renommée internationale.

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