La tour Eiffel

La tour Eiffel, prouesse architecturale au cœur de Paris

La Tour Eiffel et les quais de Seine • Photo 104941720 © Kmiragaya | Dreamstime.com

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Malakoff Humanis et vous

La tour Eiffel, prouesse architecturale au cœur de Paris

S'élevant à plus de 310 mètres au-dessus du niveau de la Seine, la tour Eiffel est bien plus qu'un imposant monument métallique aux formes aériennes. Son originalité, son élégance, l’ingéniosité de sa structure, la symétrie de ses lignes et son histoire mouvementée en font une icône pour Paris. Au fil du temps, Elle s’est imposée comme un symbole d'innovation et de modernité, témoignant du génie français en matière de construction et d’urbanisme à la fin du XIXe siècle. Intemporelle et majestueuse, la tour Eiffel est désormais indissociable du patrimoine architectural français. Et pourtant, son parcours fut semé d’embûches. Elle fit face à de nombreux détracteurs et fut à plusieurs reprises menacée de démantèlement.

Une architecture à la pointe de l’innovation

Conçue par l'ingénieur Gustave Eiffel et ses collaborateurs pour l'Exposition universelle de 1889, la tour confronta ses créateurs à plusieurs défis technologiques majeurs. Utilisant plus de 18 000 pièces métalliques, assemblées par plus de 2,5 millions de rivets, la structure de la tour fut conçue pour résister au vent tout en demeurant légère en dépit de sa grande hauteur. En faisant fondre l’intégralité de la tour, on pourrait remplir un cube de 125 mètres de côté. Deux ans, deux mois et cinq jours de chantier furent nécessaires à son édification, bien qu’initialement Gustave Eiffel n’eût prévu que douze mois de travaux. C’est principalement à Stephen Sauvestre, architecte en chef des entreprises Eiffel, qu’il convient d’attribuer le plan final de l’édifice.

Détail de l'arc situé sous la plate-forme du premier étage • Photo 7964428 © Toneimage | Dreamstime.co

Celui-ci eut notamment l’idée de renforcer la structure de la tour à l’aide d’arcs situés au niveau du premier étage. Il proposa également de doter la construction d’une sorte de chapeau ressemblant à la lanterne d’un phare. Ces propositions convainquirent Eiffel qui approuva les plans et déposa le 18 septembre 1884 un brevet de construction d’un édifice haut de 300 mètres et doté de pylônes métalliques. Il décida en outre de racheter les droits détenus par les architectes impliqués dans la création des plans de l’ouvrage. Il lui fut ainsi possible de donner son nom à la future tour. Eiffel voulut construire un monument majeur, capable de symboliser la grandeur de la France depuis la Révolution de 1789. Sa tour devait rayonner sur le monde, comme l’esprit de la Révolution rayonnait sur l’Europe. Elle demeura d’ailleurs le plus haut monument du monde durant plus de 40 ans, jusqu’en 1930, date à laquelle fut édifié le Chrysler Building à New York, un immeuble haut de 319 mètres, témoignant de la puissance de la firme Chrysler et de l’importance de l’automobile dans le monde.

© Mementop 2023

Sur le chantier pharaonique, quelques 250 ouvriers s’affairèrent quotidiennement, 9 heures en hiver et 12 heures en été, à assembler des pièces préconstruites dans les usines des entreprises Eiffel situées à Levallois-Perret. Cette technique ingénieuse permit de procéder au montage de la tour par tronçons de 5 mètres tout en réduisant les risques d’accident. L’organisation des travaux fut le maître mot de l’équipe réunie par Eiffel pour l’occasion. Lorsque l’édifice fut quasiment achevé, on y installa les ascenseurs pour lesquels Eiffel fit appel à plusieurs experts et sociétés spécialisées à l’instar de Roux-Combaluzier, de Lepape (aujourd’hui Schindler) et de l’américain Otis.

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La tour Eiffel : un ouvrage d'une très haute technicité

Le premier étage, situé à 57 mètres au-dessus du sol, offre une superficie de 4 220 m2 et peut supporter la présence de 2 500 personnes. Le deuxième étage, situé à 115 mètres au-dessus du sol, offre une superficie de 1 650 m2 et peut supporter le poids de 1 600 personnes environ. Cet étage abrite un célèbre restaurant gastronomique, Le Jules Verne, repris par le chef Frédéric Anton en 2019 après 10 mois de travaux. Le troisième étage est situé à 276 mètres au-dessus du sol et offre une superficie de 350 m2. Il peut supporter la présence d'environ 400 personnes. On y accède obligatoirement par un ascenseur, l'escalier menant du 2e au 3e étage étant interdit au public. Quelques marches permettent enfin au visiteur d’accéder à une plate-forme extérieure qui culmine à 279 m et offre une vue imprenable sur la capitale. Le poids total de la tour est de l'ordre de 9 700 tonnes auquel il convient d'ajouter 50 tonnes de peinture ! Bien que particulièrement stable grâce à son ossature métallique et à la disposition ingénieuse de ses quatre pieds, elle peut osciller d'une quinzaine de centimètres par grand vent. Constituée de métal, elle est sensible aux variations de température et peut se dilater de 10 cm par grand froid et grandir de 10 cm en cas de forte chaleur.

Vue sur Paris depuis la tour Eiffel • Photo 38446908 © Scaliger | Dreamstime.com

Une inauguration en grande pompe

La tour Eiffel fut inaugurée lors de la dixième exposition universelle qui se tint à Paris du 5 mai au 31 octobre 1889, dans le cadre de la commémoration du centième anniversaire de la Révolution française. Parmi les pays conviés, de nombreuses monarchies décidèrent de bouder l'événement, à l’instar de l’Allemagne, de l’Italie, du Portugal et du Royaume-Uni. Certains pays permirent toutefois à des émissaires dûment choisis de prendre part aux festivités. La tour Eiffel fut l’une des attractions les plus prisées de l’exposition.

© Mementop 2023

Gustave Eiffel et les ingénieurs employés par ses entreprises eurent l’idée de construire cet édifice en réponse au concours organisé par le ministère de l'Industrie et du Commerce visant à illustrer les formidables progrès scientifiques et techniques réalisés par la France depuis la Révolution de 1789. Plus de 100 projets furent présentés au concours. La puissance symbolique et le gigantisme architectural de la tour de fer remportèrent tous les suffrages.

Pour célébrer le génie français, Eiffel fit inscrire les noms de 72 savants, ingénieurs et industriels sur les poutrelles du premier étage de l'édifice. Il s'expliqua lui-même à ce propos en février 1889.

Parce que le monument que j'élève sera placé sous l'invocation de la Science, j'ai décidé d'inscrire en lettres d'or sur la grande frise du premier étage et à la place d'honneur, les noms des plus grands savants qui ont honoré la France depuis 1789 jusqu'à nos jours.
Géométrie intérieure de la tour Eiffel • Photo 55415154 © Giovanni Triggiani | Dreamstime.com

On ne peut que déplorer l'absence de noms de femmes dans cet aréopage !

Une enfance mouvementée et controversée

Bien que considérée aujourd'hui comme un chef-d'œuvre inestimable, la tour ne fut pas toujours populaire. De nombreux intellectuels et artistes à la fin du XIXe siècle critiquèrent sa construction, la qualifiant tantôt d'aberration technique, tantôt de chimère de fer. Pourtant, le succès populaire de la tour fut immédiat et sans précédent dans l’histoire des monuments de Paris. Plus de 2 millions de visiteurs se lancèrent en effet à l’assaut de sa structure métallique entre le 15 mai et le 6 novembre 1889. Mais malgré cet engouement, les critiques acerbes ne s’estompèrent pas après la clôture de l’Exposition universelle et la fermeture des visites au public. De nombreuses personnalités de l’époque affirmèrent attendre avec impatience l’heure programmée du démantèlement de l’ouvrage.

La tour fut en effet construite à titre provisoire, principalement pour illustrer le savoir-faire de l’ingénierie française en matière de techniques métallurgiques. Elle devait donc être démontée au plus tard en 1910 pour, selon les dires de ses détracteurs, « libérer Paris de son odieuse emprise de fer ». Lutter contre la tour à l’époque, c’était en quelque sorte protéger le patrimoine culturel et artistique de Paris en refusant de glorifier les valeurs industrielles émergeantes. Les principaux griefs exprimés à propos de la tour entre 1887 et 1900 furent les suivants :

• L'emplacement de la tour au Champ-de-Mars, où les Parisiens aimaient se promener et être vus.
• Son incontestable inutilité, mise en rapport avec le coût de sa construction et celui de son entretien.
• Sa taille géante qui ne manquerait pas de « nuire aux monuments alentour » et son symbolisme babélien synonyme de chaos et de division.
• Son matériau de construction, considéré comme sans noblesse par rapport à la pierre et au marbre.

Photo 101925108 © Razvan Ionut Dragomirescu | Dreamstime.com

Durant la construction de la tour, Eiffel dut s'atteler à la défense de son projet. Dans le journal Le Temps, en 1888, il s'expliqua à ce propos.

Le premier principe de l’esthétique architecturale est que les lignes essentielles d’un monument soient déterminées par la parfaite appropriation à sa destination. Or, de quelle condition ai-je eu, avant tout, à tenir compte dans la tour ? De la résistance au vent… Je prétends que les courbes des quatre arêtes du monument telles que le calcul les a fournies, partant d’un énorme et inusité empâtement à la base, vont en s’effilant jusqu’au sommet, donneront une grande impression de force et de beauté…

Tout comme il est difficile de ne pas ressentir d’émotion au pied d’une pyramide égyptienne, il est impossible de ne rien éprouver lorsqu’on se tient debout sous l'imposante structure métallique de la tour. Mais après le succès de la tour lors de l’Exposition universelle, le nombre de visites s’effondra progressivement, année après année. En 1899, seules 149 580 entrées furent comptabilisées. Ce désamour encouragea les détracteurs de l’ouvrage à exiger son démantèlement anticipé. Devant cette menace bien réelle, Eiffel eut l’idée d’exploiter la formidable hauteur de sa tour en installant à son sommet une station météorologique. Plusieurs communautés scientifiques soutinrent le projet et l’édifice fut sauvé. En 1906, on y plaça également une station de radiodiffusion inamovible. Ainsi dotée d’une double utilité, la tour ne fut plus jamais menacée de destruction. Un siècle plus tard, c’est le monument le plus visité au monde avec 7 millions d’entrées comptabilisées chaque année.

Ascenseurs de la tour • Photo 16379105 © Lindom | Dreamstime.com

Quelques anecdotes remarquables à propos de la tour Eiffel

En 1925, André Citroën loua la tour pour y installer une immense publicité lumineuse pour sa marque d'automobiles, faisant d'elle le plus grand panneau publicitaire du monde.

Pour la protéger de la corrosion, la tour est repeinte tous les sept ans, ce processus nécessitant 60 tonnes de peinture.

En 1954, un alpiniste du nom de Lionel Terray grimpa la tour sans aucune aide ni corde, démontrant ainsi la fascination exercée par l'édifice sur la population.

L'escroc Victor Lustig vendit la tour Eiffel à deux reprises dans les années 1920 en prétendant qu'elle serait prochainement démantelée et que le métal serait cédé au plus offrant. Il réussit à tromper plusieurs ferrailleurs crédules avant d'être finalement dénoncé à la police.

Gustave Eiffel : l’Ingénieur de Fer

Alexandre Gustave Eiffel, né le 15 décembre 1832 à Dijon et mort le 27 décembre 1923 à Paris, fut l'une des personnalités les plus célèbres et controversées de son temps. Originaire d'une famille bourguignonne, il suivit des études d'ingénierie à l'École Centrale des Arts et Manufactures de Paris. Sa carrière, couronnée par de nombreux succès, est marquée par des ouvrages qui témoignent de son exceptionnelle habileté à travailler le fer et l'acier, matériaux emblématiques de la révolution industrielle du XIXe siècle. Eiffel s’illustra bien avant la construction de sa célèbre tour de fer parisienne, notamment en 1860 par la conduite des travaux du pont ferroviaire de Bordeaux, long de 509 mètres, enjambant la Garonne.

Statue de Gustave Eiffel • Photo 8558630 | Gustave Eiffel © Artdirection | Dreamstime.com

Eiffel réalisa alors plusieurs structures métalliques imposantes, à l'instar du viaduc ferroviaire de Garabit dans le Cantal ainsi que la structure interne de la statue de la Liberté à New York. Son nom passa définitivement à la postérité avec l’édification de la tour parisienne éponyme qui fut inaugurée en 1889. Véritable défi technique et architectural, cet édifice haut de 300 mètres, érigé en seulement deux ans, devint rapidement un symbole de Paris, célébrant le prestige technique de la France.

Lorsque la tour se pare de mille feux

La première illumination de la tour eut lieu au soir de son inauguration, le 31 mars 1889. 10 000 becs de gaz furent installés sur les plates-formes et le long de la structure métallique. Au sommet de la tour, deux immenses projecteurs mobiles étaient chargés d'éclairer les grands monuments alentour, tandis qu'un phare tricolore, alors le plus puissant au monde, inondait le lointain de sa lumière révolutionnaire. En 1900, 5 000 ampoules électriques se substituèrent aux becs de gaz pour illuminer la dame de fer. 1 000 jours avant l'an 2000, on décida d'utiliser la tour comme sablier à rebours géant, égrenant les jours que le XXe siècle fatigué avait encore à vivre. 20 000 ampoules scintillaient ainsi chaque soir dans un éblouissant spectacle pyrotechnique à la tombée de la nuit, ce spectacle lumineux se reproduisant durant 10 minutes au début de chaque heure. En 2008, la durée du scintillement fut divisée par deux. Mais face aux nouveaux enjeux énergétiques, il fut décidé en 2022 d'économiser l'électricité en ne faisant plus scintiller la tour au-delà de minuit.

Spectacle pyrotechnique de nuit • Photo 39286258 © Viorel Dudau | Dreamstime.com